Prier, n’est-ce pas pour tout chrétien, s’enraciner dans la dimension universelle de l’Église ? Vous trouverez ici des présentations originales de ces lieux.
Aux origines de l’Église
La place prise par la ville de Rome dans l’histoire et la vie de l’Église est importante. C’est pourquoi la diffusion du christianisme se comprend mieux en visitant les vestiges de la Rome antique. C’est là que furent martyrisés les apôtres Pierre et Paul, et persécutés de nombreux chrétiens.
Le pape, successeur de Pierre et évêque de Rome, est le chef spirituel de l’Église catholique. Il est aussi chef d’état du Vatican, où il réside.
Lettre d’un prêtre à un ami
« Cher Pierre,
Il y a dans la vie d’un homme des moments privilégiés où nous percevons toute l’importance d’un choix pris dans notre existence. J’aimerais témoigner de ce que je viens de vivre avec mes trois frères prêtres à l’occasion de nos vingt ans d’ordination.
Depuis longtemps nous avions souhaité pour cet anniversaire, organiser un pèlerinage à Rome. En 1987, peu de temps après notre ordination, nous avions déjà eu la chance de célébrer l’Eucharistie sur le tombeau de Pierre.
Et de nouveau nous étions hier dans cette magnifique Basilique Saint Pierre de Rome.
Comme à chaque visite je me sentais bien petit et même écrasé par tant de beauté et de grandeur. Mais très vite je fus emporté par la richesse spirituelle du lieu, ces œuvres d’art, l’architecture – La Piéta, les tombeaux des papes, la coupole, les statues des grands fondateurs d’ordre (au passage j’ai reconnu celle de Sainte Jeanne Antide Thouret, née dans notre diocèse)… Nous avons donc cheminé tous les quatre en commentant 2000 ans d’histoire de l’Église.
Devant le tombeau de l’apôtre Pierre, sous la colonnade du Bernin, Timothée nous a invité à renouveler l’engagement de notre sacerdoce en proclamant le Credo. Je t’avoue que ce fut une situation bien étonnante devant tant de touristes qui tournoyaient autour de nous ! Mais pour moi cela reste une expérience essentielle, pleine de sens et de communion avec l’Église toute entière. Ma mission de prêtre prenait subitement comme du relief. Je n’étais plus seul dans mon coin retiré de France, mais en lien avec tous les chrétiens du monde entier. En Europe, en Asie, en Amérique…, c’est bien la même Bonne Nouvelle qui est portée aux quatre coins du monde. Une joie puissante m’envahissait, qui me fit dire en mon cœur : « Mon âme exalte le Seigneur… ». Une grande action de grâce est montée en moi pour ces 20 ans de prêtrise avec ses réussites mais aussi ses difficultés. En même temps je me sentais encore plus attaché à mon diocèse, à mon évêque, à mes frères prêtres et à tous les baptisés.
Voilà, je pense, une expérience unique qu’il m’a été donné de vivre, en un moment clé de mon existence. Un moment privilégié pour faire le point sur ma vie, pour relire la présence du Christ « sur ma route d’Emmaüs ».
Pour chacun de nous quatre, ce fut un temps privilégié qui a renforcé notre amitié et notre fraternité.
Je voulais tout simplement t’en faire part. Je crois que dans toute vie le Seigneur fait des « clins d’yeux ». Nos cœurs sont-ils assez ouverts pour les percevoir ?
A bientôt,
Paul »
Échos dans ma vie :
Aller en pèlerinage à Rome, c’est aller à la rencontre des fondateurs de l’Église et de son histoire.
Ai-je conscience de participer moi aussi à cette histoire ? Comment je m’intéresse à la vie de l’Église ? Par quels moyens ? Est-ce que je prends le temps de prier pour l’Église toute entière ?
Une expérience à vivre
« Ce que j’ai à vous dire, ce n’est pas nécessaire de le mettre par écrit » dit la « Dame » à Bernadette, le 18 février 1858, lors de la troisième apparition. Qu’est-ce qui attire, aujourd’hui encore, dans la cité mariale mondialement connue, des foules de pèlerins malades et bien portants ?
Porté par le flot des pèlerins – Récit
« Tu entres dans le sanctuaire. Après les boutiques, la rumeur de la ville, les bruits du monde… il y a comme une atmosphère de paix.
Quelqu’un t’attend !
Bousculé, peut-être ; interrogateur sans doute, devant toi se dresse une grande église, une basilique avec à ses pieds la statue d’une belle Dame couronnée. Tu avances, tu te laisses porter par le flot des pèlerins. Où vont-ils ?
Ils ne prennent pas le chemin de l’église ! Ils partent sur la droite, vers la rivière. Y aurait-il quelque chose de plus important à voir, à faire ? Tu aperçois alors des centaines de chariots roulants. — Des hommes, des femmes, tordus, bossus, déformés, avachis — Jeunes et vieux se déplacent dans ces drôles de véhicules tirés et poussés par une cohorte de personnes valides.
Que viennent-ils donc faire ?
Que cherchent-ils ?
Leur visage est rayonnant, presque translucide, leurs sourires gratuitement offerts à toute la foule. Ils avancent lentement, comme s’ils attendaient un personnage important.
Ils se dirigent vers une petite grotte, enveloppée par des milliers de flammèches qui jaillissent des cierges. C’est le lieu d’une rencontre ! Certains prient, d’autres chantent. A genoux, debout ou assis ils apportent leur vie, leurs joies, leurs attentes.
Quelques-uns même entrent dans la grotte, ils laissent glisser leurs mains sur la pierre comme pour s’en approcher au plus près, comme pour toucher un Amour invisible.
En sortant ils regardent la statue d’une femme au visage paisible : c’est Marie. Par son regard elle t’invite à monter plus haut. Les mains jointes elle te conduit vers un ailleurs.
Comment alors ne pas être pris par cette atmosphère? Comment ne pas se mettre à prier quelques instants, rencontrer celui que cette belle dame te pousse à rejoindre?
Jésus est là, dans la pauvreté des souffrants, dans la joie des sans grades. Il t’incite à être vrai, il t’ouvre son coeur.
Cette expérience, une petite bergère du nom de Bernadette l’a vécue en 1858.
Marie lui est apparue 18 fois. Elle lui a demandé de venir prier pendant quinze jours à cet endroit, devant cette grotte. Sans lui promettre de la rendre heureuse sur terre, elle l’a fait boire à une source près de la grotte.
Tu peux alors penser à la source d’eau vive, dont parle Jésus dans l’évangile selon saint Jean : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi, je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle ».
Ensuite Marie a confié à Bernadette une mission : celle de demander aux prêtres de bâtir une chapelle pour venir en procession. Comme ultime cadeau, elle lui a offert son nom, un nom mystérieux : « Je suis l’Immaculée Conception ».
Un nom qui ouvre à l’Amour fou de Dieu pour les hommes, qui rappelle que Dieu s’est fait homme pour sauver tous les hommes.
Cette expérience de la rencontre, au coeur même de Lourdes, chacun est invité à la vivre, il suffit d’avoir un coeur ouvert, un coeur d’enfant. »
Échos dans ma vie :
A Lourdes, Marie se fait proche de chaque pèlerin. Elle nous conduit à son Fils. Cette expérience, je peux la faire chaque fois que je prie Marie, à Lourdes ou chez moi. En ce lieu, chacun est porté par la prière des autres pèlerins. Ai-je vécu une telle expérience, à Lourdes ou dans d’autres circonstances ?
L’équipe d’auteurs “Seigneur apprends-nous à prier”
Sur les pas de Jésus
Située dans les Monts de Judée, Jérusalem est un lieu saint pour les trois religions monothéistes : judaïsme, christianisme et islam.
Le dôme du Rocher ou mosquée d’Omar est pour les musulmans le lieu du sacrifice d’Abraham.
Le Mur des lamentations est considéré par les Juifs comme le lieu le plus sacré, vestige du Temple d’Hérode.
Pour les chrétiens, bien des lieux témoignent de la vie du Christ, de sa mort et de sa résurrection : le Cénacle, le jardin des Oliviers, la Basilique du Saint-Sépulcre… Jérusalem évoque aussi la cité céleste, la «Jérusalem nouvelle» dont parle l’Apocalypse.
Aujourd’hui encore, la ville est divisée, déchirée et soumise à de fortes tensions entre différentes communautés. N’est-ce pas paradoxal que le Christ ait apporté le salut au monde en ce lieu ?
« Une fraternité à construire » – Récit
« C’était un dimanche à Jérusalem, au mois de mars 2000. Sur l’esplanade qui mène au Mur des Lamentations, un homme tout en blanc s’avance. D’un pas lent, fatigué, il se dirige seul vers ce lieu vénéré par tant de Juifs. Il a l’air de porter un fardeau sur ses épaules. L’instant parait solennel, presque irréel. Quelque chose de nouveau advient : la venue d’un pape, le pape Jean Paul II, dans le lieu le plus sacré pour le judaïsme.
Arrivé devant le mur, il s’immobilise quelques instants, il prie. Et furtivement, il glisse une feuille dans une fente du mur, à la manière de nombreux Juifs pieux. Le pape vient demander humblement le pardon de Dieu pour les souffrances infligées aux Juifs par les chrétiens au cours de l’histoire. Sur cette feuille est inscrit : « Dieu de nos pères, Vous avez choisi Abraham et ses descendants pour amener Votre nom aux nations : nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui, au cours de l’Histoire, ont fait souffrir Vos enfants, et demandons Votre pardon. »
Pour enraciner ce message par un geste fort il passe sa main sur le mur. L’émotion est tangible et hors du commun. Pour la première fois un pape, en simple pèlerin, vient en ce lieu, le cœur du judaïsme, poser un geste prophétique.
Dans cette ville de Jérusalem dont le nom signifie Ville de la paix, qui depuis bientôt 3000 ans a toujours connu des tensions, Jean Paul II rappelle au monde qu’elle est aussi le signe d’une fraternité toujours à construire.
Le message a été ensuite emporté à Yad Vashem, le Mémorial de l’Holocauste, où il est exposé. »
Echos dans ma vie
Qu’évoque pour moi Jérusalem : certains récits de la vie de Jésus, la violence, le mur qui sépare la ville … ?
Paul VI en 1964, puis Jean-Paul II en 2000 sont les deux premiers papes à s’être rendus à Jérusalem. Paul VI y rencontra le patriarche orthodoxe Athénagoras. Jean-Paul II alla prier au Mur des lamentations. Est-ce que je porte dans ma prière ceux qui travaillent à l’unité des chrétiens, au dialogue interreligieux ?
L’équipe d’auteurs “Seigneur apprends-nous à prier”
A la rencontre du Beau
Une cathédrale est la plupart du temps un édifice imposant, qui saisit celui qui y entre. Nombreux sont les visiteurs qui viennent non seulement admirer des oeuvres d’art mais aussi chercher autre chose : une présence indicible, apaisante, une expérience spirituelle. La cathédrale est l’église où siège l’évêque. C’est là que se célèbrent les grandes fêtes de l’Eglise diocésaine : ordinations, confirmations et baptêmes d’adultes… Comment visiter ce lieu en ne passant pas à côté de l’essentiel ?
L’art de la visite
Chers auditeurs, Bonjour !
Dans le cadre de nos émissions « L’art de la visite », je vous invite aujourd’hui à entrer dans une cathédrale. Nous allons découvrir ensemble une manière originale de la visiter.
Après avoir passé le porche principal, marquez un temps d’arrêt. La nef s’ouvre devant vous. Faites silence. Oubliez ce qui vous préoccupe. Entendez, respirez, touchez, goûtez…
Ne vous demandez pas si c’est du Roman, du Gothique, du Baroque : peu importe !
Ici tout rejoint Dieu. Ici tout conduit l’homme à Dieu. Prenez le temps de vous imprégner de ce qui vous arrive. Bien petit devant cette grandeur, bien modeste devant cette majesté, dans ce lieu séculaire, vous êtes quelqu’un, à la suite de milliers d’hommes et de femmes qui ont foulé cet endroit. Appréciez ce moment comme un instant de grâce.
Souvenez-vous de tous ceux qui ont construit cet édifice, parfois au péril de leur vie. Ces ouvriers maçons, tailleurs de pierre, charpentiers, couvreurs, forgerons, maîtres verriers. Imaginez-les avec leurs gabarits, leurs ciseaux, leurs compas, leurs passe-partout, leurs scies à araser, leurs vilebrequins, leurs masses et leurs coins, leurs herminettes, leurs tubes à souffler. Entendez-les taper, scier, hisser, souffler, tourner, sculpter et même prier, chanter…
Admirez le travail des architectes qui par leur intelligence ont réussi à bâtir cet édifice. Pensez à ceux qui ont rêvé, décidé de construire ce fantastique vaisseau religieux : les évêques, les chanoines, tous les baptisés. Avancez maintenant, remontez l’allée centrale, doucement, sans heurt.
Regardez ces hommes ces femmes, ils sont au service de cet édifice. Ils balaient, ils surveillent, ils renseignent, ils sont ces pierres vivantes qui permettent à la cathédrale de vivre encore aujourd’hui. Voyez le sacristain qui range les ornements de la dernière célébration. Tous, ils vous renvoient au peuple de Dieu. Ils vous invitent à sa rencontre.
Ecoutez l’orgue : sa musique donne un goût de paradis. Musique ouverte à un ailleurs, un ailleurs presque indicible, un ailleurs qui vous prend pleinement. Prenez place sur le premier rang de chaises à la croisée des transepts.
Regardez le choeur : voilà le lieu où notre Seigneur se donne dans l’eucharistie… Il vous accueille, laissez vous prendre dans ses bras. Tournez la tête : comme un flux de lumière multicolore, les rosaces scintillent de mille feux. La lumière traverse le vitrail, comme l’amour de Dieu vient transformer nos coeurs. Qu’il est bon, qu’il est doux de se laisser toucher par ces simples rayons !
Imaginez une messe avec des chants qui montent de la chorale, repris par une foule joyeuse. L’évêque la préside, entouré de prêtres et diacres accompagnés de nombreux servants d’autel. Qu’il est bon de se trouver là. Je dresserais bien trois tentes comme dirent les apôtres aux jours de la Transfiguration… mais tout simplement, dans un acte de Foi profonde dites : « MERCI ! »
Alors maintenant, touchés par la beauté et la grandeur de cet édifice, nous ne traversons plus ce lieu comme un musée ou un simple bâtiment. Il est pour nous un lieu habité par notre Dieu, un Dieu Vivant, qui veut faire de nous les Pierres Vivantes de son Eglise.
J’espère chers auditeurs que cette nouvelle manière de visiter nos Cathédrales et nos églises vous incitera au cours de vos vacances à faire cette expérience : redécouvrir autrement ces lieux emplis d’histoire d’hommes et de femmes venus à la rencontre de leur Seigneur.
Échos dans ma vie :
La beauté m’invite à entrer dans la prière : y suis-je sensible ? Aménager un coin prière m’aide à rencontrer Dieu comme un ami très cher : je prépare un lieu pour l’accueillir.
Dans la prière, je cherche à établir un lien avec Dieu. La confiance, la persévérance, la beauté du lieu où je me trouve m’aident à le renforcer. Où en suis-je aujourd’hui dans ma relation avec Dieu ?
L’équipe d’auteurs “Seigneur apprends-nous à prier”
Une soif d’absolu
Dans les monastères, des hommes ou des femmes vivent en communauté leur consécration à Dieu dans le silence, la prière, le travail et la pauvreté. Ces moines ou ces moniales habitent souvent dans des lieux retirés, pour mieux vivre le silence qui les rapproche de Dieu. La « prière des heures » rythme leur journée. Quant à ceux qui sont de passage et franchissent la porte d’un monastère, que viennent-ils chercher ?.
En poussant la porte de Sénanque
Enserré au fond d’un vallon, entouré de champs de lavande, apparaît le monastère de Sénanque. Il ressemble à un tableau de Monet, avec ses couleurs ocre dans un écrin mauve.
« Papy, que font ces moines ? demande Clémence en entrant dans ce magnifique monument.
– Eh bien… répond papy Jean en toussotant, pour prendre le temps de réfléchir. Un moine ou une moniale ce sont des personnes qui ont donné leur vie pour suivre Jésus. Le monastère devient pour eux « une école du service du Seigneur », disait saint Benoit.
– Ils vont à l’école, alors ? demande Clémence
– Pas tout à fait… Leur journée se découpe en trois parties : un temps pour dormir, l’autre pour prier, et enfin le dernier pour travailler. Sept fois par jour, tous les moines se rassemblent à l’église pour prier ; c’est leur lieu préféré de rencontre avec Dieu. Tu sais, le travail c’est aussi important pour eux. Il sert à faire vivre la communauté, et à découvrir que par leurs mains, ils peuvent aussi louer Dieu.
– Ouah, je comprends, répond Clémence, éblouie par les connaissances de son Papy. Mais Mamy m’a dit qu’ils n’ont pas le droit de parler, et ils ne peuvent pas sortir. Ils n’ont pas de loisirs, pas de télé, pas de vacances ! J’aimerais pas être moine !
– C’est vrai, répond le grand-père. C’est une vocation particulière, mais depuis toujours des hommes et des femmes ressentent en eux le besoin de se donner autrement à Dieu. Le silence les aide à se recentrer sur l’essentiel. Toi aussi, cela t’arrive parfois d’aller dans ta chambre pour t’isoler ; quand tu en as assez de ton petit frère, que tu veux réfléchir, ou pour apprendre tes leçons. Eh bien les moines ont choisi de vivre pleinement ce silence.
– ça doit être difficile ! réplique Clémence
– Eh oui, c’est pour cela que la communauté est là pour les soutenir et plus particulièrement le Père abbé qui est attentif à chacun des moines. »
L’heure de l’office sonne. Clémence et son grand père se hâtent d’entrer dans l’abbatiale. La petite fille est toute émue et curieuse de participer pour la première fois à la prière des moines. Une expérience nouvelle à raconter en rentrant chez elle !
Échos dans ma vie :
Dans le monde actuel, le stress, l’inquiétude pour l’avenir peuvent m’agresser. Comment remettre ma montre à l’heure de Dieu ? Comment me recentrer sur l’essentiel : par un moment de silence, un temps de prière, une retraite, un pèlerinage…? M’est-il déjà arrivé de participer à la prière des heures avec une communauté religieuse ? Qu’est-ce qui m’a touché, m’a aidé, m’a questionné ?
L’équipe d’auteurs “Seigneur apprends-nous à prier”
Un appel à la rencontre et au partage
Taizé est un petit village de Bourgogne, non loin de Tournus et de Cluny. En 1940, le pasteur Roger Schutz s’y installe. Rapidement, une communauté oecuménique se forme autour de lui. Taizé devient un lieu de rencontre et de prière entre chrétiens de confessions différentes. Depuis quelques années, des rencontres internationales, en lien avec la communauté de Taizé ont lieu dans différents pays du monde.
La communauté accueille des jeunes de tous pays et de toutes religions. Ils y viennent de plus en plus nombreux.
Mais que vient-on chercher à Taizé ?
Un petit air de paradis ! Recit
« Qu’est ce que je suis venu faire dans cette galère !!! s’interroge François.
Jean Charles et Jade l’avaient invité il y a quelque temps à vivre un séjour à Taizé, avec une trentaine de jeunes de l’aumônerie étudiante.
Taizé, il en avait bien entendu parler au moment de la mort de Frère Roger, le fondateur de la communauté. Il avait même suivi un reportage à la télé parlant des Rencontres Européennes et plus particulièrement celle de Genève en Décembre 2007. Il était surpris que près de 100 000 jeunes de tous pays se retrouvent en ces fêtes de fin d’années pour vivre un moment de fraternité, de prière, et de réconciliation.
En ce moment, François se pose beaucoup de questions sur sa foi. En approchant de la colline de Taizé, près de Cluny, une sorte de doute l’étreint. « Ai-je fait le bon choix ? J’aurais pu sortir au cinéma et voilà que je vais m’enfermer dans une communauté. Prier 3 fois par jour ça va me saouler… »
Il entre dans le village et voit plein de jeunes déambuler sur la route. Il aperçoit les baraquements et les tentes, puis il découvre l’Eglise de la Réconciliation, avec ses clochetons de style orthodoxe. Dans son esprit, le doute grandit encore…
A peine sorti de la voiture, il est pris en charge, avec tout le groupe, par deux jeunes qui leur expliquent le fonctionnement du séjour et leur montrent leur logement. Avec leur fort accent espagnol, François les trouve très sympathiques. Il ose même s’aventurer à leur parler en leur demandant leur lieu d’origine : ils viennent de Bolivie et ils ont pris un mois pour se mettre au service des autres. François est étonné qu’on puisse donner tant de temps pour les autres, si loin de son pays.
Après avoir découvert sa chambre- un lieu bien spartiate – où l’on dort à 6 dans des lits superposés, il suit le groupe pour la prière du soir.
Dans l’église, ce qui le surprend c’est le silence, un silence porté par une musique et des dizaines de petites lumières étincelantes, comme une multitude de feux follets. La pénombre de l’édifice invite chacun à prendre un temps d’arrêt pour s’acclimater, s’imprégner, se préparer à une rencontre. Chacun vient s’asseoir, se prosterner, s’agenouiller ;
François est étonné qu’il n’y ait pas de chaises. Cet endroit lui parait bien différent des églises qu’il connait.
Après l’arrivée des frères de la communauté, la prière commence. Des chants en différentes langues, chants simples à la mélodie méditative, montent de l’assemblée. Reproduits plusieurs fois comme en écho, les chants portent à l’écoute de la Parole de Dieu et introduisent un long temps de silence. François ressent un calme étonnant. Jamais cette impression de paix ne l’avait habité de cette façon. Il est bien ; heureux ; rien ne le contraint. Au contraire dans sa méditation il offre ses joies, ses difficultés. Il sent en lui comme une grande chaleur, un bien être qui le poussera, à la fin de la prière, à aller rencontrer un frère de la communauté pour lui parler de sa vie et du sens qu’il veut lui donner.
C’est pour lui comme une révélation.
La fin de son séjour fut baignée de cette paix dans les rencontres fraternelles avec les autres jeunes. Entre les chants, les rires, le silence, les sourires, il régnait déjà sur cette colline comme un petit air de paradis. »
Échos dans ma vie :
Jean Paul II disait en 1986 : « On passe à Taizé comme on passe près d’une source. » Ai-je participé à une rencontre à Taizé ? Comment l’ai-je vécue ? Cette source, l’ai-je regardée de l’extérieur ? M’y suis-je abreuvé ? Est-elle devenue vitale pour moi ? Est-ce que je continue à y boire en dehors de Taizé ? Et pourquoi ne pas inclure une telle rencontre dans mon programme de vacances ?
L’équipe d’auteurs “Seigneur apprends-nous à prier”
Un chemin, une aventure de foi
Saint Jacques de Compostelle est une ville d’Espagne dans la province de la Corogne. C’est un lieu de pèlerinage sur le tombeau supposé de l’apôtre saint Jacques. Ce pèlerinage fut important au Moyen-âge : c’était un des moyens de faire pénitence. Il a connu un regain de ferveur au XXè siècle. En France, quatre itinéraires sont proposés pour vivre une expérience spirituelle sur ce chemin vers Compostelle. Qu’est-ce qui met en route tous ces pèlerins ?
Rencontre sur les chemins de Compostelle
Daniel, un journaliste, est allé recueillir des témoignages pour la radio.
Daniel : « Chers auditeurs, bonjour !
Ici Daniel, de RCF Lyon.
Je suis à Conques avec un groupe de pèlerins, des Jacquets, comme on appelle les pèlerins qui cheminent vers Saint Jacques.
Je suis avec Patrice et Véronique, un couple du Sud qui est parti du Puy depuis 10 jours, avec Bénédicte et Roberte qui font le chemin pour la deuxième fois. Tout d’abord dites-nous : pourquoi entreprendre un tel périple ? »
Patrice : « Au moment de notre retraite, nous avons eu besoin, Véronique et moi, de prendre du temps pour faire le point à un tournant de notre vie. Abandonner un peu toute la civilisation et se retrouver face à soi-même sur le chemin, pas après pas. De plus des amis nous ont fortement invités à vivre ce temps de ressourcement. Comme nous sommes de bons marcheurs, nous nous sommes dit : pourquoi pas nous ? Il a fallu plus d’un an pour nous y préparer. Et voilà, c’est parti pour l’aventure humaine ! On espère qu’elle sera aussi spirituelle ! »
Daniel : « Et vous, Bénédicte, après dix jours, que pouvez-vous nous raconter ? »
Bénédicte : « Dès le départ on a été frappé par la beauté des paysages, la rencontre avec les autres, croyants ou non. Beaucoup cherchent un sens à leur vie. Quelle émotion de remettre ses pas dans ceux des milliers de pèlerins qui nous ont précédés ! Que de témoignages dans ces chapelles romanes et ces croix à chaque détour du chemin ! On dit que la prière rentre par les pieds… mais il a d’abord fallu alléger le sac ! Et renvoyer le trop plein par la Poste, en ne gardant que le strict nécessaire, l’indispensable ! Quelle expérience !»
Daniel : « Et vous, Roberte ? »
Roberte : « Moi je ne peux oublier tous ces gens rencontrés : Hubert parti de Vézelay, seul, et tellement rayonnant, Hugo le canadien, ces deux jeunes belges en chemin depuis Bruxelles et ces deux couples qui tiennent l’hospitalité d’Estaing. Vous vous rendez compte, ils ne vivent que des dons des pèlerins ; et puis ces 14 motards qui ont partagé avec nous un gîte d’étape. Et encore Claudine, prof à Vichy, Jean Christophe et Emmanuelle, des instits d’enfants sourds et mal voyants à Lille. Que de visages vrais, rayonnants, libres. C’est toute une communauté qui se déplace, mais dans un seul sens. Ils vont vers Saint Jacques, à la différence des circuits de grande randonnée où les gens se croisent. »
Daniel : « Et vous, Véronique »
Véronique : « Pour moi les maîtres mots de ce début de chemin se résumeraient ainsi : Liberté : il faut choisir de partir, de marcher, de s’arrêter Humilité : il faut accepter nos limites. La nature nous bouscule : la pluie, l’orage, le soleil qui nous fatigue. Et puis les ampoules aux pieds ! Fraternité : l’attention à chacun car la route est éreintante. L’autre devient vraiment notre prochain. Entre nous se vit une grande simplicité et une certaine égalité. On redécouvre la joie de la rencontre. »
Daniel : « Eh bien merci pour votre témoignage ; nous vous souhaitons un bon pèlerinage.
C’était Daniel depuis Conques pour RCF Lyon. »
Échos dans ma vie :
Je peux relire ma vie comme une marche vers Dieu. M’arrive-t-il de revoir le chemin parcouru avec Lui depuis mon enfance et de Le remercier ? Pour beaucoup de personnes, un pèlerinage est un ressourcement. Est-ce que j’ai déjà participé à un pèlerinage, qu’en ai-je retenu ? Pourquoi ne pas envisager d’en faire un, seul ou avec d’autres ?
L’équipe d’auteurs “Seigneur apprends-nous à prier
Lieu de rencontre avec Dieu
Dans la Bible, l’Horeb est aussi appelé Sinaï. Moïse monte sur la montagne du Sinaï et y reçoit les dix paroles de vie (souvent appelées “Dix commandements”). Le prophète Elie ira jusqu’à « la montagne de Dieu » qui est l’Horeb. N’avons-nous pas, nous aussi, à découvrir notre lieu privilégié de rencontre avec Dieu ?.
Elie à l’Horeb – Récit
« Neuf siècles avant la venue de Jésus, Achab règne sur le Royaume d’Israël.
A la mort de Salomon, le Royaume édifié par le roi David est coupé en deux (le Royaume d’Israël et le Royaume de Juda).
Achab et sa femme Jézabel ont oublié l’Alliance faite avec Dieu. Pire encore, ils vénèrent le dieu Baal, dieu de la fertilité et de la fécondité, représenté par un taureau.
Elie un jeune prophète, pétri de zèle pour son Dieu, va se mettre sur la route de ce couple infernal. Il annonce une sécheresse terrible pour le Royaume et il sort victorieux d’un combat avec les prophètes de Baal.
Jézabel entre dans une fureur terrible et veut se venger. A bout de force, apeuré, fuyant dans le désert devant ce déferlement de violence, Elie en viendra même à souhaiter la mort. L’ange de Dieu lui apparait. De façon très concrète, il le nourrit avec une galette de pain et une cruche d’eau. Elie se relève et se met en route jusqu’à la montagne de l’Horeb, la montagne de Dieu.
Ecoutez donc cette histoire :
En entrant dans une grotte pour passer la nuit, Elie entend une voix, la voix de Dieu : « Que fais-tu Elie ? » Elie répond : “voilà comment ton peuple a abandonné ton alliance. Ils ont détruit tes autels et tué tes prophètes.” Et il ajoute : “Je suis resté seul et ils cherchent à me tuer.”
Dieu lui dit alors : « Sors et tiens toi dans la montagne devant moi ».
A ce moment, Il entend un ouragan terrible qui brise les rochers ! Mais Dieu n’est pas dans l’ouragan…
Il sent sous ses pieds un tremblement qui le chahute ! Mais Dieu n’est pas dans le tremblement…
Il voit une boule de feu, jaillissant de l’horizon comme un cavalier au galop ! Mais Dieu n’est pas dans le feu…
Alors, de façon presque inaudible, le bruit doux de la brise légère se fait entendre…
Comprenant que Dieu est là, Elie se voile le visage avec son manteau.
Une voix lui parle : « Que fais-tu ici, Elie ? » Et lui de retracer toute son aventure.
Alors la voix lui dit : « Va, retourne par le chemin. Mets sur le trône de Damas et d’Israël des rois que tu oindras. Tu choisiras Elisée comme prophète à ta place. »
Il partit alors et se mit en quête pour réaliser la mission de Dieu. »
Échos dans ma vie :
Elie a été invité à se déplacer, à sortir de la grotte pour se tenir en présence de Dieu et l’écouter. Rencontrer Dieu est un acte libre, car Dieu ne s’impose pas à moi, il m’attend. – Suis-je prêt à mettre de côté mes loisirs, mon portable, mes soucis du moment… pour me rendre présent à Dieu ?
L’équipe d’auteurs “Seigneur apprends-nous à prier”